jeudi 11 juillet 2013

LE ROY DE SES BOIS

Il y a quelques jours je suis parti avec des compagnons au Brame du cerf; spectacle dont j'avais eu les meilleurs échos. 

 À la fin du jour, vers les 18h00 ou plutôt pour faire plus pro 6H00 pm, en tenue de camouflage, appareil photo à la main, nous étions fin prêts pour écouter les cervidés hurler à tout vent leur libido réprimée depuis 11 mois. 

 Les règles étaient convenues : pas de bruit, ne pas effrayer le gibier, ne pas fumer. 

Fier de ressembler à mes ancêtres chasseurs et guerrier, je partais traquer la bête ... Après quelques kilomètres nous arrivâmes à Cheverny, petite ville à proximité de Chambord où ce gibier est semble-t-il assez commun. 

 Le bois était peuplé de cervidés mais aussi de vieux lâchés dans cette nature. « Quoi, on laisse les vieux en liberté ? » me suis je dis. Le mélange gibier/ vieux ce n’est pas bon pour les photos et j'avais raison. 

 La déception commençait à nous gagner quand une représentante du 3ème âge criait à tout va que la meilleure lessive sur le marché était "Ariel". Pourquoi les vielles étaient-elles là ? 

La nature est peut-être mal faite, le brame destiné à attirer les biches accrochait aussi dans son sillon des vielles nostalgiques d'ébats amoureux perdus depuis longtemps. Soudain le maître de ces lieux se fit entendre, un grand cerf majestueux lança son cri rauque et puissant pour avertir les biches qu'il était ici. Et les mémères se sont tu. 

 Dans un réflexe, je me suis saisi de mon appareil photo prêt à l'instant où la bête daignera croiser mon regard et capturer ainsi, pour l’éternité le sien. Le jeu du chat et de la souris pouvait commencer. De là, une tête me tournant le dos, de ci une biche me cachant le roi de ces bois. 

Derrière moi des tentatives de communications venaient du troupeau de vieilles "Moi pour enlever toutes le taches je fais toujours mon blanc à 90 !". Mais le grand cerf majestueux n'en avait que faire ... 

Les représentantes de la gériatrie continuaient de plus belle. « Oh ça dépend du tissu, avec du coton il y a pas de soucis ». Tout ceci me laissa perplexe. 

D'un côté le spectacle émouvant de la nature de l'autre les tentatives pathétiques des grand mères de communiquer ,enfin chacun ses codes sociaux, mais l’interaction n’étais pas de mise ! 

 Je pris donc mon mal en patience et à quelques pas, je trouvais refuge dans un encaissement à l’abri des meuglements des vielles. Ne nous attardons que sur le cerf après tout j’étais un chasseur et photographier le grand cerf étais l'idée de base, car il faut le dire capturer l'image du troupeau de vielles est une pensée qui reste effrayante à plus d'un titre. 

Voilà une affaire compliquée que de capturer l'animal dans un fichier .jpeg. La bête a tant à faire. 

Un jeune prétendant guettait dans les fourrés les biches. D’un pas mal assuré il s'avança vers le troupeau et le grand cerf adulte le chargea de tous ses bois. 

Voilà un comportement très humain me suis-je dis, même une parole d'Audiard me revint à l'oreille " quand un type de 120 kg parle à un gars de 60kg, celui de 60kg a tendance à fermer sa gueule!" 

Je suis sûr que le jeune cerf a compris cette parole car il ne revint pas. Je me suis alors tu laissant l'admiration me gagner face à ce spectacle de la nature, ce cerf fier et protecteur veillant sur son harem... 

La nuit de son manteau bleuté descendit doucement fermant comme le rideau cette heureuse pièce de théâtre. Le sourire en coin, l'œil amusé je dis au revoir à mes nouveaux amis. 

En rentrant des épinards et des œufs caoutchouteux nous attendaient... Note à moi-même : Acheter un kebab !



 Bigblaireau

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