jeudi 23 janvier 2014

C'est quoi, Noël ?

C'est quoi, Noël ?

24 Décembre, Palestine, il y a environ deux mille ans.  Naissance de Jésus. Vous savez, ce type un peu étrange, qui marchait sur l'eau, multipliait pains et poissons, accomplissait des miracles, comme changer l'eau en vin, faire remarcher un paralytique, et ressusciter les morts.

Donc, en ce 24 Décembre, Jésus pousse son premier cri dans une mangeoire. Un peu cheap, non, pour un Sauveur, Fils de Dieu ? Alors je vais un peu cracher dans la soupe, pour une fois. Noël, donc, est la Fête Anniversaire de Jésus. OK, un anniversaire, c'est la joie, les cadeaux, la famille, et le bon repas. Sauf que là, ce n'est pas l'anniversaire du premier venu.

24 Décembre 2013. Depuis des semaines on attend ce moment. Depuis des semaines, on s'extasie devant les illuminations. On décore la maison avec les enfants, on s'attendrit à voir les chers petits yeux écarquillés devant les vitrines animées, illuminées, décorées, on se laisse aller à les admirer aussi. Oui c'est beau, c'est un peu çà aussi Noël, de la magie, du rêve, pendant quelques semaines, on décore de fausse neige, on décore le sapin.

A propos, la  Palestine, Israël, vous voyez tous à peu près  où c'est... Dites, vous en avez déjà vu beaucoup, vous, de la neige et des sapins, en Palestine ?? (au moment où j'écris ces lignes, le 14 Décembre, les autorités Israéliennes appellent l'Armée au secours pour dégager les routes bloquées par la neige...).

Bombardés de publicités, de consumérisme, de merchandising, harcelés d'incitation à l'achat, nous patientons. Ils ont réussi. Ils ont fait de nous des esclaves de la consommation à leur service. Laissez partir à eux les petits billets...

Enfin voilà, ça y est, on y est. Le grand soir. On festoie de tout un tas de cochonneries, certes très bonnes, sauf pour la ligne, dans de la vaisselle de porcelaine, et de cristal, avec des couverts d'argent, on s'habille façon milord, et tout ça pour fêter l'anniversaire de Jésus, qui, Lui, est arrivé dans un tas de fumier ou presque. Et Joseph  et Marie, ils mangeaient dans de la vaisselle d'or et d'argent? Non. Ils mangeaient comme les copains, dans des gamelles en terre cuite et avec les doigts !

A titre d'information, la fourchette c'est pendant la Renaissance qu'on a commencé à s'en servir. Alors oui, on fête Sa naissance, on se donne bonne conscience en venant à la messe, et en retournant chez soi, on fait quoi ?
On va le chercher, le  type qui tend la main ? Et le voisin ? On lui dit de venir passer la soirée avec nous ?

Ce ne serait pas un peu hypocrite, ça des fois ? Alors oui, fêtez Sa naissance, Sa venue, je ne vous demande pas de manger par terre, quoique ça peut être marrant, ni des patates à l'eau dans des gamelles en terre cuite, mais pendant que vous vous amusez, que vous mangez et buvez, mieux que d'avoir une pensée pour les gens de tout à l'heure, le type qui tend la main dans la rue, le voisin seul, le vieil oncle, allez donc les chercher. Prenez-les à votre table.



Allez chez le voisin, et s'il est seul, serrez-vous un peu à table et invitez-le. Alors oui, vraiment, ce sera là un très beau Noël. Et s'il n'est pas seul, souhaitez-lui, simplement, mais sincèrement, un joyeux Noël. Ça n'engage à rien, çà ne coûte rien, mais çà peut produire beaucoup chez la personne qui le reçoit. C'est le partage. C'est ça, le vrai message de Noël.

Pensez-y. Mais ne faites pas qu'y penser. Faites-le... Faites le sans y penser. Que ça vous devienne naturel. Normal. Vœu pieu ? Peut-être. Mais ça aurait de la gueule.

Plus prosaïquement, maintenant, pratiquement, qu'est devenu, Noël ? Un type en rouge avec une barbe blanche qui se ballade une fois l'an, sur un traineau avec des rennes. Rouge, blanc... Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Une boisson américaine pétillante, avec du cola, par exemple... C'est cette marque, à la fin des années 1800, qui a lancé ledit bonhomme qui distribue des cadeaux aux enfants sages.

Avant cette date, Noël, c'était une fête aussi, mais une fête de famille, l'occasion de se retrouver, de laisser une chaise, une soupe, un coin dans l'étable, une place à table si des fois un pauvre passait. 1800, c'était hier. Aurait-on déjà tout oublié ?

Avec ce type en rouge et blanc qu'avons nous ? Des tonnes de prospectus publicitaires, de catalogues de jouets, de vêtements de soirée, de chocolats, de mets et de vins, d'écrans plats, d'ordinateurs, et de consoles de jeux. Et c'est à qui sera le plus clinquant, le plus raffiné, le plus luxueux, le plus doré.

« La Maison de mon Père est une Maison de prière, et vous en avez fait une maison de commerce !! », Jésus dixit, avant de fiche dehors à grands coups de pieds les marchands du Temple de Jérusalem. On est en plein dedans.Du désintéressement, nous avons fait le paraître, le clinquant. Caviar, foie gras, saumon, et truffes.



Alors je ne dis pas de tous nous couvrir de cendres et nous vêtir de sacs, en signe de repentance, mais souvenons-nous que Celui dont nous fêtons la Naissance est arrivé de manière la plus humble possible, dans une méchante mangeoire, comme le dernier des miséreux. Et plutôt que de faire assaut entre nous de couverts d'argent, de vaisselle dorée, de mets et de vins raffinés en se gaussant des avanies, chutes, et ratages de vedettes ou d'inconnus à  la télé, revenons au message originel. Le partage.

Allons le chercher, le vieil oncle, le voisin tout seul ce soir, le type qui tend la main, dans la rue. Eux s'en contre-ficheront de l'aspect de la vaisselle, ou des couverts. Eux, ce qu'ils verront, c'est que ce soir, ils auront à manger, chaud, et se sentiront considérés. On n'a pas besoin de vaisselle de porcelaine pour savourer une dinde. On n'a pas besoin de verre de cristal pour savourer un bon verre de vin (avec modération). On n'a pas besoin de couverts en argent pour couper une part de bûche. On a juste besoin d'un peu de considération et d'Amour. Les uns pour le recevoir, les autres pour le donner. Noël, c'est ça.

Il me revient à la mémoire un cantique que l'on chantait, à la Messe de Minuit, qui, du plus loin que je m'en souvienne, m'a toujours donné des frissons et même souvent, piqué les yeux. Ça disait « C'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant [...]C'est Noël chaque fois qu'on dépose les armes, chaque fois qu'on s'entend/ C'est Noël sur la Terre, chaque jour, car Noël, ô mon Frère, c'est l'Amour ».

Alors, oui, continuons de nous faire des cadeaux.

Juste une pensée pour les petits enfants asiatiques, travaillant dans des conditions dantesques, à qui nous devons ces petites merveilles technologiques, ces petites poupées, qui font la joie de nos chères têtes blondes.

Continuons de nous faire plaisir avec un, ou des, bons repas, après tout, nous ne l'avons pas volé. Je ne dis pas de tout renier, de tout jeter bas, non, j'apprécie les Fêtes, moi aussi, les décorations, les illuminations, je retrouve mon âme d'enfant devant une vitrine décorée, comme tout le monde, et puis on ne peut pas ne pas vivre avec son temps.

Mais ne perdons pas de vue l'origine première de Noël. Alors nous saurons vraiment apprécier cette Fête comme il se doit, dans toute son importance, dans sa juste mesure. Et ces Fêtes seront plus belles encore, parce que plus vraies, parce que plus justes, parce qu'elles seront ce qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être.  Et si on essayait, cette année ? Juste pour voir ce que ça fait...

Joyeux Noël à toutes et à tous !




Loup Solitaire

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