jeudi 23 janvier 2014

C'est quoi, Noël ?

C'est quoi, Noël ?

24 Décembre, Palestine, il y a environ deux mille ans.  Naissance de Jésus. Vous savez, ce type un peu étrange, qui marchait sur l'eau, multipliait pains et poissons, accomplissait des miracles, comme changer l'eau en vin, faire remarcher un paralytique, et ressusciter les morts.

Donc, en ce 24 Décembre, Jésus pousse son premier cri dans une mangeoire. Un peu cheap, non, pour un Sauveur, Fils de Dieu ? Alors je vais un peu cracher dans la soupe, pour une fois. Noël, donc, est la Fête Anniversaire de Jésus. OK, un anniversaire, c'est la joie, les cadeaux, la famille, et le bon repas. Sauf que là, ce n'est pas l'anniversaire du premier venu.

24 Décembre 2013. Depuis des semaines on attend ce moment. Depuis des semaines, on s'extasie devant les illuminations. On décore la maison avec les enfants, on s'attendrit à voir les chers petits yeux écarquillés devant les vitrines animées, illuminées, décorées, on se laisse aller à les admirer aussi. Oui c'est beau, c'est un peu çà aussi Noël, de la magie, du rêve, pendant quelques semaines, on décore de fausse neige, on décore le sapin.

A propos, la  Palestine, Israël, vous voyez tous à peu près  où c'est... Dites, vous en avez déjà vu beaucoup, vous, de la neige et des sapins, en Palestine ?? (au moment où j'écris ces lignes, le 14 Décembre, les autorités Israéliennes appellent l'Armée au secours pour dégager les routes bloquées par la neige...).

Bombardés de publicités, de consumérisme, de merchandising, harcelés d'incitation à l'achat, nous patientons. Ils ont réussi. Ils ont fait de nous des esclaves de la consommation à leur service. Laissez partir à eux les petits billets...

Enfin voilà, ça y est, on y est. Le grand soir. On festoie de tout un tas de cochonneries, certes très bonnes, sauf pour la ligne, dans de la vaisselle de porcelaine, et de cristal, avec des couverts d'argent, on s'habille façon milord, et tout ça pour fêter l'anniversaire de Jésus, qui, Lui, est arrivé dans un tas de fumier ou presque. Et Joseph  et Marie, ils mangeaient dans de la vaisselle d'or et d'argent? Non. Ils mangeaient comme les copains, dans des gamelles en terre cuite et avec les doigts !

A titre d'information, la fourchette c'est pendant la Renaissance qu'on a commencé à s'en servir. Alors oui, on fête Sa naissance, on se donne bonne conscience en venant à la messe, et en retournant chez soi, on fait quoi ?
On va le chercher, le  type qui tend la main ? Et le voisin ? On lui dit de venir passer la soirée avec nous ?

Ce ne serait pas un peu hypocrite, ça des fois ? Alors oui, fêtez Sa naissance, Sa venue, je ne vous demande pas de manger par terre, quoique ça peut être marrant, ni des patates à l'eau dans des gamelles en terre cuite, mais pendant que vous vous amusez, que vous mangez et buvez, mieux que d'avoir une pensée pour les gens de tout à l'heure, le type qui tend la main dans la rue, le voisin seul, le vieil oncle, allez donc les chercher. Prenez-les à votre table.



Allez chez le voisin, et s'il est seul, serrez-vous un peu à table et invitez-le. Alors oui, vraiment, ce sera là un très beau Noël. Et s'il n'est pas seul, souhaitez-lui, simplement, mais sincèrement, un joyeux Noël. Ça n'engage à rien, çà ne coûte rien, mais çà peut produire beaucoup chez la personne qui le reçoit. C'est le partage. C'est ça, le vrai message de Noël.

Pensez-y. Mais ne faites pas qu'y penser. Faites-le... Faites le sans y penser. Que ça vous devienne naturel. Normal. Vœu pieu ? Peut-être. Mais ça aurait de la gueule.

Plus prosaïquement, maintenant, pratiquement, qu'est devenu, Noël ? Un type en rouge avec une barbe blanche qui se ballade une fois l'an, sur un traineau avec des rennes. Rouge, blanc... Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Une boisson américaine pétillante, avec du cola, par exemple... C'est cette marque, à la fin des années 1800, qui a lancé ledit bonhomme qui distribue des cadeaux aux enfants sages.

Avant cette date, Noël, c'était une fête aussi, mais une fête de famille, l'occasion de se retrouver, de laisser une chaise, une soupe, un coin dans l'étable, une place à table si des fois un pauvre passait. 1800, c'était hier. Aurait-on déjà tout oublié ?

Avec ce type en rouge et blanc qu'avons nous ? Des tonnes de prospectus publicitaires, de catalogues de jouets, de vêtements de soirée, de chocolats, de mets et de vins, d'écrans plats, d'ordinateurs, et de consoles de jeux. Et c'est à qui sera le plus clinquant, le plus raffiné, le plus luxueux, le plus doré.

« La Maison de mon Père est une Maison de prière, et vous en avez fait une maison de commerce !! », Jésus dixit, avant de fiche dehors à grands coups de pieds les marchands du Temple de Jérusalem. On est en plein dedans.Du désintéressement, nous avons fait le paraître, le clinquant. Caviar, foie gras, saumon, et truffes.



Alors je ne dis pas de tous nous couvrir de cendres et nous vêtir de sacs, en signe de repentance, mais souvenons-nous que Celui dont nous fêtons la Naissance est arrivé de manière la plus humble possible, dans une méchante mangeoire, comme le dernier des miséreux. Et plutôt que de faire assaut entre nous de couverts d'argent, de vaisselle dorée, de mets et de vins raffinés en se gaussant des avanies, chutes, et ratages de vedettes ou d'inconnus à  la télé, revenons au message originel. Le partage.

Allons le chercher, le vieil oncle, le voisin tout seul ce soir, le type qui tend la main, dans la rue. Eux s'en contre-ficheront de l'aspect de la vaisselle, ou des couverts. Eux, ce qu'ils verront, c'est que ce soir, ils auront à manger, chaud, et se sentiront considérés. On n'a pas besoin de vaisselle de porcelaine pour savourer une dinde. On n'a pas besoin de verre de cristal pour savourer un bon verre de vin (avec modération). On n'a pas besoin de couverts en argent pour couper une part de bûche. On a juste besoin d'un peu de considération et d'Amour. Les uns pour le recevoir, les autres pour le donner. Noël, c'est ça.

Il me revient à la mémoire un cantique que l'on chantait, à la Messe de Minuit, qui, du plus loin que je m'en souvienne, m'a toujours donné des frissons et même souvent, piqué les yeux. Ça disait « C'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant [...]C'est Noël chaque fois qu'on dépose les armes, chaque fois qu'on s'entend/ C'est Noël sur la Terre, chaque jour, car Noël, ô mon Frère, c'est l'Amour ».

Alors, oui, continuons de nous faire des cadeaux.

Juste une pensée pour les petits enfants asiatiques, travaillant dans des conditions dantesques, à qui nous devons ces petites merveilles technologiques, ces petites poupées, qui font la joie de nos chères têtes blondes.

Continuons de nous faire plaisir avec un, ou des, bons repas, après tout, nous ne l'avons pas volé. Je ne dis pas de tout renier, de tout jeter bas, non, j'apprécie les Fêtes, moi aussi, les décorations, les illuminations, je retrouve mon âme d'enfant devant une vitrine décorée, comme tout le monde, et puis on ne peut pas ne pas vivre avec son temps.

Mais ne perdons pas de vue l'origine première de Noël. Alors nous saurons vraiment apprécier cette Fête comme il se doit, dans toute son importance, dans sa juste mesure. Et ces Fêtes seront plus belles encore, parce que plus vraies, parce que plus justes, parce qu'elles seront ce qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être.  Et si on essayait, cette année ? Juste pour voir ce que ça fait...

Joyeux Noël à toutes et à tous !




Loup Solitaire

Solitaire

Solitaire



Je suis un solitaire
Comme une île sous les alizées
Rêver d’être un corsaire
Dans un galion abandonné

J’ai du mal à extraire
Ma volonté de me lier
Le monde me fait peur à en crever
Et je reste prostré comme manquant d’air

Angoissante angoisse latente
Toujours ma ligne descendante
Plus avoir envie de s’exprimer
Sur ce peuple si désemparé

Alors reste la parole, les cris
Croire en une puante idéologie
Et l’abandonner très vite
A cause de ses idées racistes

Et donc je reviens à mon état
Chenille je ne suis pas devenu papillon
J’erre dans un dédale où mes pas
M’entrainent vers un infini syphon

Viendra le temps de la lumière
D’une blancheur si angoissante
Plus besoin de ces somnifères
J’aurai atteint la supra détente

P/L    2012

Des vacances très attendues

Des vacances très attendues


Apres plusieurs semaines de préparation nous voila enfin venu au moment tant attendu du départ direction la bretagne. La route a duré quelques heures et fût parsemée de plusieurs arrêts tout ça pour arriver à Erquy.

C’est une petite ville de bord de mer du coté de St Malo que nous avons visité plus tard dans la semaine, mais vous en aurez des détails plus tard dans ce récit.

Une fois arrivés à destination, nous avons découvert un gîte très spacieux aussi bien dans les espaces extérieurs, intérieurs, collectifs et individuels. Une fois le repérage des lieux effectué, un petit dilemme apparût : comment se répartir les chambres ?

Cela nous a pris un bon moment mais nous y sommes quand même parvenus non sans mal. Pour que les vacances se passent dans les meilleures conditions possibles, il nous restait a acheter les choses de dernière minute ce qui a été fait dans la foulée.

Cela étant fait place aux vacances qui ont démarrées par un barbecue au gîte puis nous sommes allés sur une plage pour admirer le coucher de soleil sur la mer.

 Ce soir-là, on a eu notre première grande partie de rigolade pour plusieurs raisons : la découverte d’une « pyramide », un cent mètre entre éducateurs et résidents avec clope au bec pour certains et chute sur le sable pour d’autre et chute imprévue dans la mer, c’est ainsi que s’achève notre première journée de vacances.

La seconde journée fût bien remplie en commençant par la visite de la quatrième plus grande criée de France suivie de la visite d’une usine de découpe de poisson, après nous sommes allés petit-déjeuner au gîte pour attaquer une partie du sentier de grande randonnée n°15 par la suite nous avons pique-niqué sur la plage et y avons passé l’après-midi.



Le soir, le chant et la guitare étaient mis à l’honneur ainsi que les « chamallow grillés ».

Le jour suivant nous avons passé la journée à St Malo, c’est une ville qui est divisée en plusieurs parties : son port avec ses bateaux dont un trois-mâts, sa ville fortifiée avec sa cathédrale ses magasins et ses cafés dont un qui avait des horaires assez surprenants je site : « ouverture selon l’humeur fermeture selon l’état », ses plages avec une piscine qui se remplie a marées haute. C’est une ville qui a le mérite d’être visitée.

Pour notre dernier jour, nous avons visité un marché local puis on est allé au cap Fréhel pour visiter son phare qui pour arriver à son sommet nous a fait gravir plus de deux cent vingt marches. Arrivés au sommet de cette tour on a été accueillis par une vue splendide mais un fort a attiré notre attention plus que le reste. Du coup, on a décidé d’aller le voir de plus près. Cet endroit s’appelle Fort La latte, il est très intéressant à visiter puis on a fini l’après midi à la plage  pour finir par un restaurant pour y déguster des spécialités locales.

Lors de notre retour je fus triste que se soit déjà fini alors pour me remonter le moral je repensais à tous ces bons moments mais aussi à toutes ces batailles d’eau, de mousse a raser et autres farces qu’on a pu  réaliser ; voilà nos vacances terminées que je pense déjà à celle de l’année prochaine




nounours

L’erreur est humaine… ou le pot de terre contre le pot de fer

L’erreur est humaine… ou le pot de terre contre le pot de fer



Il y a des expériences que nous n’aimerions pas vivre. Il y a des retours de flamme qui laissent des cicatrices indélébiles. Il y en a qui sont dotés d’une grande générosité, d’un altruisme et/ou d’une sensibilité acérée, presque palpable, et qui tombent dans des pièges stupidement.

On croit pouvoir sauver le monde ou peut être quelqu’un et l’on s’aperçoit, au bout d’un moment, de nos propres limites, de nos propres faiblesses, et ça fait mal car il y a toi et il y a l’autre avec ses réponses bancales, parfois désuètes.

L’autodestruction est une arme de destruction massive mais lente et sournoise. Regardez ceux qui boivent, ceux qui se droguent ou autre. L’image qui nous est renvoyée nous met face à face avec nos propres démons. Nous essayons de les détourner, de leur faire comprendre leurs lentes agonies, leurs descentes vers leurs propres enfers.

 Ils aiment être grisés, ils aiment planer et ils oublient leur entourage : la famille, les collègues, les amis. Ils se foutent de l’image qu’ils donnent pourvu qu’ils se sentent bien dans cette ivresse. Au fur et à mesure, nous nous apercevons que les discours sont inutiles, les explications encore moins.

Mais comment faire quand on se trouve devant un manipulateur doté de l’art indiscutable de la ruse ? Si vous êtes blindé, alors vous vous en sortiez sans mal et si vous tombez dans le piège, plus dure sera la chute. Il se peut qu’il y ait des personnes pour vous ramasser à la petite cuillère tout en vous répétant : « on t’avait prévenu ! ». Plus lourd sera leur silence, voire leur façon hautaine de vous ignorer.

Peut-être arriverez-vous à rebondir même si la chute fut dure. Avec du recul vous changerez votre manière de voir, de sentir, d’aimer et vous comprendrez qu’aujourd’hui, le monde est devenu individualiste et que le temps du chacun pour soi est arrivé.



Pourquoi vous raconter tout cela ? Parce que c’est ce qu'il m’est arrivé et qu’il y a des amitiés qu’il faut sacrifier pour être soi-même plus serein. Mais avant toute chose, il faut garder sa part de mystère même si l’on est le point central de questionnements incessants. Attention ! Certaines personnes se repaîtront de nos faiblesses et en joueront jusqu’à nous jeter après comme un vieux kleenex.

Apprendre c’est grandir. La sincérité vaut mieux que le mensonge. Se protéger, c’est aussi se préserver des vautours qui cherchent la première occasion pour vous enfoncer.

On se voile trop souvent la face sans voir un potentiel danger. Mon avenir a failli basculer mais j’ai tenu bon. Il faut savoir mettre de la distance avec certaines personnes. Elle est nécessaire pour un futur plus calme et surtout retrouver la clarté dans toute cette pénombre.






P/L

ERQUY PLAGE tout un poème

ERQUY PLAGE tout un poème



       Enchanté lors de mon arrivée, quand j’ai vu le lieu ou je serai hébergé

Pressé  de me débarrasser de mes bagages  pour que les vacances puissent enfin commencer

       Ravi qu’un barbecue soit organisé pour mon premier dîner

Libre je me sentais ; depuis longtemps cela ne m’était pas arrivé

      Qualitativement, les vacances commençaient  de toutes beautés

Amoureux de cet endroit je suis tombé lorsque sur la plage le soleil s’est couché

     Ulcéré par contre des détritus  retrouvés sur cette plage abandonnée

Glacé je me suis retrouvé dans la criée car avec un requin je me suis trouvé nez à nez

     Youpi !! je me suis dit quand le chemin de grande randonné n°15  j’ai pratiqué

Enervé je me suis trouvé car le voyage de retour était annoncé




nounours

EDITO Numéro 3

 EDITO


Parole d’une stagiaire


Par un mois de juin pluvieux et monotone, premier stage de ma première année de BTS Economie sociale et familiale, je franchi les marches de la Maison avec de l’appréhension et une boule au ventre.

Pourtant, je suis accueillie dans la bonne humeur et les semaines défilent à toute allure : Des résidents chaleureux et accueillants, heureux de partager leurs expériences. Une équipe généreuse et présente. J’ai beaucoup appris lors ce stage humainement et professionnellement.

Je remercie chaque usager  et chaque professionnel de m’avoir donné l’envie de poursuivre mes études et d’atteindre mon projet professionnel.

Je souhaite à l’association qu’elle perdure pour aider chacun à trouver et retrouver sa voie.

Justine.T

A LA BÊTE !!

                                             La Bête du Val de Loire

Quand on parle de Bêtes célèbres il en est une qui vient naturellement à l'esprit (non, pas moi...), celle du Gévaudan* qui s'est rendue tristement célèbre en ensanglantant les magnifiques plateaux de la Margeride, il y a un peu plus de deux siècles. Elle ne fut pourtant pas la seule, malheureusement, à défrayer la chronique de son temps et à terrifier les populations et les campagnes. Entre 1742 et 1754, dix ans avant la Bête du Gévaudan, la Bête du Val de Loire (oui, oui, ici...) a sévi d'Amboise à Blois, de Vendôme à Loches, passant par Tours, Montrichard...

Elle fait sa première victime officielle au mois de Mai de l'an de grâce 1743, à Villeromain. Il s'agit d'une petite fille, Marie Delauné. Selon le prêtre qui établit l'acte de sépulture, la malheureuse a été « mangée par une beste etrangère ». Première attaque, et déjà, on parle de beste étrangère et non pas du loup, pourtant prompt à attirer les foudres des paysans. Pourquoi ne pas faire au plus simple et désigner à la vindicte populaire le grand méchant croqueur de petits chaperons rouges et de mères-grands ?? Parce que les paysans le connaissent bien, messire loup, et ils savent très bien que ce grand méchant ne s'attaque pas à l'homme, sauf à de très, très rares occasions.

Marie Delauné est donc la première, mais pas la dernière victime, loin s'en faut, de cette « beste ». La liste va très rapidement s'allonger et s'écrire en lettres de sang. Le 27 du même mois de Mai, à Lancé, c'est au tour de Jeanne Louis, dix ans, d'être « estranglée par la beste ». Les chiffres officiels feront état de 147 personnes victimes du monstre. On peut hélas, sans grande crainte de se tromper, doubler ce chiffre. Toutes les attaques n'ont pas été recensées. En effet, les seuls documents officiels de l'époque, sont ceux établis par les prêtres lors des actes de sépulture, et bien souvent, la nature de la mort n'est pas indiquée. Il ne sera donc pris en compte que ceux portant mention « mangé par la Beste ». Parmi les villages éprouvés par ce monstre, au hasard des archives, notons Pontlevoy, cinq morts, Vallières les Grandes, onze, Chaumont sur Loire, six, Monnaie, huit, Ceré la Ronde, six.

Mais cette Beste, as-t'on au moins une idée de sa nature ? Comme nous l'avons vu, le loup est mis hors de cause dès la première attaque. En effet, on  le sait, ses proies principales sont l'agneau, le mouton, la brebis. Mais pas le berger, ou la bergère, fût-elle seul(e) et sans défense.

En effet, le loup est un animal craintif qui fuit l'homme comme la peste. Un jeune enfant, si chétif soit-il, réussit sans peine à le chasser, en brandissant un grand bâton, en criant, ou en lui lançant une pierre. Messire loup, pour une fois, innocenté, qu'est donc ce monstre ? On parle de « beste féroce », de « mauvaise beste », de « Bête », ou de « beste estrangère ». Ceci démontre que ce monstre n'est pas connu des paysans. Alors on ne va parler que de « Bête », faute de savoir exactement quelle est sa nature.

Ceci posé, ce n'est pas parce qu'on ne  sait pas ce que c'est que l'on va la laisser faire. La lutte s'organise. En premier lieu, des battues classiques. Classiques mais vaines. Non pas que le courage et la volonté des participants ne soient en cause, mais le monstre demeure introuvable. Ce qui ne l'empêche pas de continuer ses ravages. Il est là, il rôde, attaque et tue. Alors le comte de Saint-Florentin** (tiens, curieux, çà, c'est lui que l'on retrouvera en Gévaudan, exactement dix  années plus tard, lors du règne de terreur de la célébrissime Bête du même nom... j'y reviendrai.), fait appel à la prestigieuse Louveterie Royale qui interviendra, mais sans plus de succès. La Beste va simplement aller terroriser et tuer ailleurs. Elle étendra son emprise de terreur et de sang sur un carré de 120 km de côté. Blois,Vendôme et leurs environs deviendront son territoire, et son garde-manger. Aux chasses et au battues, vient s'ajouter la multitude de pièges, de cadavres de chiens dûment empoisonnés placés  un  peu partout dans les champs et les bois. En vain. La Beste ne donne pas dans ces pièges, comme le ferait un loup ordinaire. Comme si elle savait. Ou que quelqu'un le lui ait appris...

Le 27 Mai 1748, l'Armée interviens. Un détachement militaire est à Amboise. Il chassera tout l'été. En vain, là aussi. La Beste se contente de s'éloigner, et elle traverse le Cher. Le 27 Juillet, elle tue, à Orbigny. Réaction immédiate des paysans, une battue se forme pour une chasse au cours de laquelle est tuée « une beste revêtant l'aspect d'un loup ». La tête est montrée aux autorités, et présentée, de village en village.
On faisait ainsi, en ces temps pas si reculés, quand une bête malfaisante était tuée, on en montrait la tête dans les villages, pour récolter quelques écus. Est-ce donc la fin du cauchemar ? Que nenni, hélas. Le 30 juillet, à Ceré la Ronde, nouvelle victime. Cette diablesse de « mauvaise beste » ne serait donc pas seule ? Seraient-elle plusieurs ? Mais combien ? Et as t-on seulement tuée la vraie ?

La Beste du Val de Loire terminera sa meurtrière épopée en  Mars 1754. Elle ne sera pas tuée. Elle disparaitra, purement et simplement, après cette date. Mais si elle  n'a pas été tuée, qu'est-elle donc devenue, cette satanée mauvaise Beste ? Personne n'en sait rien. Les faits, seuls et têtus, sont là, à partir de Mars 1754, après onze années passées à semer la terreur et la mort, la Bête du Val de Loire disparaitra du jour au lendemain quasiment. La vie reprendra son cours, simple et laborieuse, et tout rentrera dans l'ordre.

An de grâce 2013. Deux cent cinquante neuf ans ont passé. En sait-on plus, maintenant, sur ce qu'était cette « Beste qui mangeoit les chrestiens » ? Non. Les loups  mis hors de cause, on l'a vu, que reste t-il alors ?. On a parlé de loup-cervier, c'est à dire un lynx, mais la morphologie de ce bel animal et celle du loup sont très différentes. Or, tous les témoins parlent d'une bête « faite comme un loup ». Alors quel animal est le plus proche, morphologiquement, du loup, puisque ce n'en est pas un ? La réponse est évidente, le chien. La,  ou les,  Bêtes du Val de Loire aurai(ent) donc été des chiens? Mais pas plus il y a deux siècles qu'aujourd'hui les chiens n'attaquent pas l'homme naturellement. Auraient-ils été, alors, dressés à tuer ? Ça se peut.
Mais dans ce cas, par qui ce, ou ces chiens auraient-ils été dressés ? Ça prends du temps, çà coûte de l'argent. Et les paysans de l'époque, comme ceux de maintenant, n'étaient pas riches et avaient certainement autre chose à faire que de dresser un chien à tuer. Il faudrait donc faire intervenir quelqu'un qui a le temps, et l'argent. Or, à l'époque, les nobles seuls avaient ce privilège. Le Comte de Saint-Florentin était de ceux là. Et c'est précisément lui que l'on retrouve en Gévaudan, exactement dix années plus  tard, quand la célèbre Bête a paru, laissant derrière elle une trainée d'horreur, de terreur et de mort, comme sa moins connue consoeur du Val de Loire. Etrange, non, comme coïncidence ? Alors une question, évidente, se pose : le Comte, ou son entourage proche,  aurait-il exporté le principe de la Beste, du Val de Loire en Gévaudan ?  On trouve, en effet, des similitudes pour le moins troublantes entre les deux affaires.

Voyez plutôt :
-Une Beste inconnue, revêtant l'aspect d'un loup mais qui n'en est pas un.
-qui attaque bergères et jeunes enfants jusque sur le pas de leur porte, comme en témoigne l'acte de sépulture d'une des dernières victimes de la Bête du Val de Loire : « Inhumé la teste de Jeanne Mohyer, le corps dudit enfant ayant été emporté par un loup enragé dans le bois que l'on ne put trouver ce qui est arrivé hier au soleil couchant et ledit enfant ayant été pris à la porte de ses père et mère », et la réputation de la Bête du Gévaudan, qui, à plusieurs reprises, elle aussi, est venue chercher sa victime à la porte de sa maison.

-Jeanne Mohyer a donc été décapitée, là aussi comme de nombreuses victimes de la Bête du Gévaudan on citera au palmarès de cette dernière Gabrielle Pelissier, dûment dévorée et décapitée, mais qu'on a retrouvé tête sur les épaules, et corsage sagement reboutonné. Or,  aucun animal ne décapite ses victimes ni ne reboutonne les corsages après avoir dévoré ce qu'il y a dessous. Ah, si, un : l'Homme...
-qui échappe aux battues, aux pièges et au poison, se jouant de et mettant en échec et l'Armée, comme si elle savait devoir se méfier et des hommes, et des pièges. Ou qu'on  le lui ait appris...
-qui fait plus d'une centaine de victimes avant soit de disparaître mystérieusement, soit d'être tuée dans des circonstances assez étranges (le coup de fusil de Jean Chastel, en Juin 1767 à la Sogne d'Auvers, en Gévaudan, posera de nombreuses questions qui ne sont pas toutes, à ce jour, résolues).
Nous avons là d'un faisceau d'indices pour le moins troublant, qui mériterait que l'on approfondisse la question. Il serait intéréssant de mener l'enquête, mais jusqu'à présent, à ma connaissance, nul ne s'y est encore attelé.  (Pourquoi vous me regardez vous, tous??).




 
Loup Solitaire



*Le Gévaudan représente l'actuel département de la Lozère, et une partie du sud de l'Auvergne. La Margeride est le nom d' un massif montagneux de cette région sauvage, désolée, et magnifique.

**Ministre d'Etat sous Louis XV, qui a fait office de préfet dirait-on de nos jours, dans les deux régions citées, Val de Loire et Gévaudan.